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Rencontre avec Blandine Chazelle


Quelques mois après son arrivée en Auvergne, j’ai rencontré Blandine Chazelle grâce à une consultante interne du grand groupe français où elle est manager.

Depuis nous nous accompagnons réciproquement dans nos projets.

Blandine est l’une des initiatrices du Festival Des Naissances qui aura lieu les 30 - 31 mars et 1er avril 2019 (accès au programme).

Elle m’a proposé d’être la facilitatrice de la journée du 1er avril.

Après quelques étapes clés du parcours de vie de Blandine et la raison d’être du festival, elle nous parle de la place du dialogue dans la préparation du festival.

Il y a trois ans, Blandine a choisi de quitter la région francilienne où elle estimait vivre hors sol pour venir habiter à Viscomtat avec Gaétan son mari. A la recherche de plus de sens, d’harmonie avec leurs valeurs et la terre et la nature. Leur choix s’est porté sur un lieu qu’elle connaît depuis trente-trois ans, qu’elle vit comme «un lieu de ressourcement, un lieu d’émerveillement, un lieu de coopérations possibles».

comme «Le fruit de la rencontre de plusieurs individus pour soutenir de ce qui nous émerveillent - les gens et la nature - et soutenir chacun dans son propre accomplissement». Elle ajoute «Le meilleur moyen d’apprendre à se connaître organiser quelque chose qui fait sens pour nous et l’environnement».Blandine présente le Festival Des Naissances

Le festival combine sur trois jours et sur quatre communes : des déambulations théâtrales, balades créatives en forêts, bal, ateliers, concert, tournoi de foot intergénérationnel, émergence de la carte des rêves des habitants pour le territoire, expo des projets, construction d’une communauté au-delà du festival.

La place des dialogues est primordiale dans le Festival Des Naissances. Blandine précise : «Il est né par des dialogues. Des dialogues que chacune avait avec soi-même et avec la société qui ont été explorés, approfondis avec les autres». Le noyau cœur réunit une dizaine de femmes. Elles se rencontrent les mercredis soir depuis quatre mois pour réfléchir, concevoir, mobiliser, organiser, préparer.

Blandine fait le récit des dialogues sur le chemin de la création du festival :

«Christine, ancienne vétérinaire, fondatrice de l’étincelle gourmande à St-Thurin, me dit un jour qu’elle venait de participer un atelier sur la création d’une association reprenant une partie des missions de l’ancien office de tourisme. Elle constatait que les participants ne s’écoutaient pas. Je lui ai dit que je suis formée à animer ce genre de rencontre. Par la suite, je commence à parler de l’idée de créer des cercles de dialogue. Je suis mise en relation alors Yael qui a cette pratique et m’invite au temps de vitalisation d’un pôle santé au sein de l’association Sens de Vie, Territoire Patrimoine Transmission.

Dans le protocole du cercle de dialogue, chacun exprimait ce qui était important pour lui. Les tours successifs de parole fonctionnaient en spirales génératives favorisant beaucoup de réflexions et pistes inédites.

La qualité d’écoute, la sincérité et l’engagement de chacun dans les propos étaient si vif que les personnes ont eu envie de lancer et de participer un atelier : Mieux vivre notre territoire avec l’association RDV en Pays Nétrablais.

L’atelier a duré trois heures et était structuré par deux questions :

- Comment je vois le territoire ? Comment je me sens ?

- C’est là que nous nous sommes dit : « Allons plus loin ! »

Lors de nos réunions hebdomadaires, nous démarrons par un petit tour de parole où nous partageons où est ce qu’on en est et ce qui est important pour nous, nos envies, nos peurs.

Dans notre fonctionnement chacun a le droit de ne pas être accord. Les points de désaccord sont valorisés et je vois que les personnes de plus en plus s’autorisent à dire les points de désaccord. Cela nourrit l’ensemble et les dialogues prennent d’autres dimensions.

Les décisions sont prises à l’unanimité. Parfois très rapidement. Parfois cela nécessite plusieurs tours de parole.

Pour parvenir à cela, nous avons discuté longtemps sur les fondamentaux du festival et les sujets qui ont bousculé nos vies, sur ce qui nous motivait à être là, sur ce que nous avions envie de faire dans ce festival, des propositions que nous avons envie de porter. Nous avons aussi au démarrage dialoguer sur nos intentions, nous avons fait connaissance, non pas en bloc en se présentant longuement chacun, mais au fil des réunions en nous présentant en fonction de ce qui était nécessaire pour avancer ce jour-là sur ce sujet-là».

Quand j’ai demandé à Blandine de quoi elle s’est enrichie, elle m’a répondu avec toute sa subtilité :

«Je me suis enrichie de toutes les personnes présentes enrichie de leur façon d’être présente ou absente, de ce qu’elles disent et ce qu’elles ne disent pas».

Le dialogue aura aussi une part belle dans le festival. Par exemple dans les ateliers, un temps sera pris en fin de séquence pour se poser, accueillir, expliciter ce qui s’est passé pour soi et à l’écoute des autres, percevoir le soutien des autres et comment soutenir les autres. Autre exemple, les activités comme la cuisine, le sport seront aussi des espaces possibles de dialogues.

En conclusion, sur les conditions de réussite d’un dialogue performant Blandine partage «J’apprends de manière intense qu’une condition vraiment importante est d’accepter où moi j’en suis et où chacun en est et ne pas attendre autre chose que la personne à ce moment-là est capable de faire. C’est différent des entreprises où il y a une obligation à parler et à ne pas trop parler. Pourtant, nous sommes aussi performantes. Nous créons en quelques mois un festival sur trois jours. Je découvre que le silence et l’absence parlent et contribuent aussi à la performance.

Aujourd’hui, le désir initial est toujours là et traverse nos actions et nous nous donnons les conditions pour élargir, rayonner au-delà des plus de 70 personnes investies (tout âge confondu), engagées d’une manière ou d’une autre avant et lors des trois jours du Festival Des Naissances».

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