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NEWS de l'ATELIER DES DIALOGUES


Comment et pourquoi le Rwanda s’est hissé à la 5ème place du classement mondial de l’égalité hommes femmes ?

Le vendredi 7 juin, Tessy Kayitana, épouse de l’ambassadeur du Rwanda en France, a dialogué avec nous, un groupe de personnes de tous horizons.

Derrière Tessy et moi, le paysage des collines vertes et rouges du Rwanda était projeté. La première image d’un très bon reportage du 18 avril 2019 d’Envoyé Spécial sur la place de la femme au Rwanda.

Tessy a expliqué les éléments déterminants de ce chemin abrupt, traversé par le génocide et la guerre, qui a mené les femmes d’un statut encore très récent de mineures sans droits, avant 1994, à une place clé dans la gouvernance du pays au niveau central comme local.

Les facteurs sont multiples et le premier, comme les conséquences de la première guerre mondiale en France, est celui de la reconstruction d’un pays où les hommes étaient soit morts, soit réfugiés dans des camps, en prison. Et parmi les femmes rescapées, des centaines de milliers ont été victime d’une des armes du génocide : le viol. Encore aujourd’hui, 25 ans après le génocide, il y a plus de femmes que d’hommes au Rwanda.

Mais ce n’est pas la seule explication.

La détermination à s’appuyer sur les femmes s’est concrétisée par une constitution dans laquelle est inscrit que les femmes sont représentées au minimum à 30 % dans les instances (en tant qu’élues, mais aussi dans les directions de l’état et des collectivités locales et territoriales). Mais écrire cela dans la constitution resterait lettre morte sans une grande rigueur dans la mise en œuvre des décisions : dans les contrats de performances, dans les instances de contrôle agissantes, reconnues, efficaces, dans le leadership du Président de la République.

Aujourd’hui fait unique mondial, 61% de l’assemblée nationale est féminine.

Depuis 2009, la scolarité des enfants est obligatoire entre 7 et 13 ans et est appliquée y compris dans les zones rurales (70% d’agriculteurs et d’agricultrices). Mais en raison de la grande pauvreté, la valeur économique des filles passe toujours par le mariage et ces unions précoces viennent clore leur possibilité d’étudier.

Symboliquement, l’état met en valeur les femmes qui sont des « premières » : pilotes d’avion, chirurgiennes, ingénieures etc.

Le chemin est encore long, mais maintenant dans des conditions propices de droits solides comme l’accès à l’éducation, à l’héritage, à l’ouverture de compte en banque, à la création de société, à l’avortement, etc. qui permettent de réduire les inégalités entre les hommes et les femmes.

Lors des échanges, la question de la place de la femme dans les entreprises (conseil d’administration, comex, comité de direction) a été évoquée. Le Rwanda et la France se trouvent ainsi dans des situations similaires de lutte contre l’inégalité salariale et la mise en place de quotas.

Nous étions assis de manière à tous nous voir. Sur les tapis rouges, j’avais déposé des vanneries traditionnelles fabriquées par des femmes rwandaises, des mamans d’enfants handicapés organisées en coopérative ; et j’avais placé un petit palmier rappelant les bananiers des collines autour de Kigali.

Au moment où Tess parlait du lien entre le génocide contre les Tutsis et la place des femmes dans le relèvement du pays, elle a pris entre ses mains l’une des vanneries et dit combien la parole de la souffrance des femmes s’était déliée lorsque celles-ci avaient les mains occupées à croiser les fils de bananiers.

Elle évoqua aussi les cercles de dialogues qui ont été pour les femmes des lieux de thérapie dans ces circonstances si difficiles d’un génocide entre voisins.

Parmi nous, deux amies de l’atelier des dialogues, deux jeunes femmes voilées étaient là. Tess, en s’adressant à elles, a rendu un hommage vibrant aux justes musulmans qui ont protégé et sauvé les tutsis qui vivaient dans leur quartier à Kigali – je précise que le Rwanda est un pays catholique.

Je fus frappée par l’évidence de cette parole de lutte contre la discrimination. Des mots qui ont fait écho aux propos des membres de la commission égalité hommes-femmes de l’Assemblée Nationale rwandaise lors de ma visite de janvier 2018 : « Après le génocide, nous avons bâti notre constitution comme une lutte contre la discrimination, celle envers les femmes, envers les enfants et envers les handicapées. »

Merci Tessy d’avoir partagé ce temps avec nous.

Merci à Natacha Sibellas et François Berrué pour les magnifiques photos.

A découvrir "Le Carnet d'Études - Rwanda" :

Bien à vous

Catherine Redelsperger

L’ATELIER DES DIALOGUES est une invitation à préparer des protocoles de conversation laissant « du temps » pour que la rencontre et la confiance puissent naître.

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